Intitulée « Ermites » l’exposition des travaux récents de l’artiste plasticien Yassine Balbzioui est essentiellement composée de peintures et d’une sculpture en bronze.
Ce titre paradoxal, un ermite par définition ne pouvant vivre que seul, est le résultat d’une réflexion de l’artiste sur l’idée utopique de vivre simultanément en ermite et collectivement, un regard philosophique en référence à ce monde d’aujourd’hui où les informations contradictoires sont constantes.
Avec une palette de verts profonds traités comme un appel vers les grands espaces de dame Nature, Yassine Balbzioui invite, dans une veine néo-expressionniste, ses personnages à un huis clos à la fois psychodramatique et drôle.
Parfois adultes, parfois enfants, ces « Ermites » jouent et surjouent la partition d’une folie tranquille, responsables et irresponsables, seuls et ensembles, joyeux et mélancoliques, toujours silencieux et profondément touchants, peuplant un scénario imaginaire pensé par l’artiste comme la trame d’un film extravagant et intimiste, une suite dans la recherche constante et la réflexion de Yassine Balbzioui sur les solitudes de l’humain dans les sociétés contemporaines.
PRESSE
Olivier RACHET
article paru dans Diptyk, octobre 2021
« À Casablanca, Yassine Balbzioui conjure nos solitudes contemporaines »
« …Ils font ce qu’ils peuvent pour s’amuser et pour survivre. Peut-être ont-ils peur tout simplement de vivre ? », se demande Yassine Balbzioui à propos des trois personnages qu’il met en scène dans sa dernière exposition « Ermites ». Nous voici plongés dans une forêt post-apocalyptique, dans laquelle le peintre interroge le fondement de nos angoisses les plus archaïques. S’il doute que la période actuelle soit propice à l’humour, il n’en explore pas moins le grotesque de nos peurs quotidiennes. À l’instar de ce personnage quelque peu donquichottesque se faisant simplement attaquer par des papillons, ne serions-nous pas tous transis à l’idée de nous retrouver nez à nez avec autrui ? Tel est le paradoxe d’une époque où l’isolement a décuplé en chacun la crainte de se retrouver… »
Anis HAJJAM,
article paru dans L’Opinion, 31 octobre 2021
« Yassine Balbzioui, une solitude plurielle
« … L’habile plasticien investit jusqu’au 20 novembre l’espace de la galerie casablancaise Shart. Il y expose ses dernières réalisations teintées de remises en questions, parfumées d’humour. Il les nomme «Ermites» et les peint à corps perdu, privilégiant le vert… naturellement.
Une fraîcheur joyeusement sombre s’échappe des récentes toiles de l’artiste. Une sorte de manuscrit annoté à l’envi. Mieux : une prose défiant toute classification, privilégiant le phrasé chaloupé où un imaginaire intense se faufile entre les lignes d’une vie «normale» devenue caduque. Avec le scénario de la fin d’un monde et du début d’un autre, moins bruyant, plus exaltant d’incertitudes et de découvertes intérieures. Une introspection adoptant pour décors une certaine nature, le poumon en fête.
Des arbres qui foisonnent, intriguent, se tiennent à disposition, se jouent de la lumière qu’ils mettent parfois en scène, cajolent ou pourchassent l’intrus. Ici, pas de pénitence, pas d’avanie, la forêt comme seule prière. Trois personnages, séparés ou mis ensemble, vivent entre deux évènements, le premier fondateur et le second conclusif, la vie et la révérence de son rejeton. Et c’est là où l’ermite prend ses quartiers, loin de tout et proche de la félicité qu’il traque depuis sa conversion. Avec l’expectative comme croyance nodale… »